Au chalet, aujourd'hui, nous partageons sur le thème de la semaine qui n'est autre que les "Noël du Monde". Pour cela, j'ai décider de vous partager un écrit pour vous faire voyager dans un Noël chaud ou froid. À vous de le découvrir :

Ce matin, je me lève à l'aube pour pouvoir aller surfer. Cette année ne déroge pas à la règle, je me réfugie au soleil durant la période des fêtes de fin d'année. J'aime ce calme loin de la ville et en plus, je profite de la chaleur de l'île où je me suis réfugié.

L'Île de la Réunion gagne à être connue de par ses plages mais également pour ses fruits exotiques dont les letchis qui sont un vrai régal.

Je me lève et me rends directement à la fenêtre pour voir si le vent s'est levé ce matin. Contre toute attente, il y a un vent chaud.

Je me précipite dans la salle de bains et me prépare rapidement pour être sur la plage de Saint-Gilles. J'aime m'y rendre tôt pour éviter les bouchons constants de cette ville touristique. Il n'y a pas à dire, se lever tôt est plutôt pas mal pour voir le lever du soleil sur la mer.

Après m‘être préparée d'un maillot de bain et d'un short, je m'active pour partir. Un coup à la porte d'entrée attire mon attention. Je me demande bien qui peut ça peut être sachant que mes voisins les plus proches sont à quelques centaines de mètres de mon logement pour deux semaines.

Un deuxième coup me fait sursauter avant que j'atteigne la porte et je réponds :

- J'arrive !

J'entends un rire masculin qui me réduit au silence et me pétrifie sur place. Je ne voulais pas le revoir de sitôt. Surtout de la façon où on s‘est quittés, une semaine plus tôt.

- Prends tout ton temps pour fuir surtout, m'interrompt alors Adam qui fait le pied de grue devant ma porte.

Je m'active et lui ouvre la porte. Il tombe des nues quand il voit ma tenue et je lui saute tout cru dessus :

- Qu'est-ce que tu fais ici Adam ? La dernière fois qu'on s'est vu, j'ai été claire il me semble !

Je vois sa pomme d'Adam monter et descendre sur le coup de la surprise. Il se reprend vite :

- Je vois que tu es encore égale à toi même à ce que je vois. Rien ne t'intéresse plus que ta petite personne. J'ai eu du mal à te retrouver avec ton silence radio.

- Je t'arrête tout de suite. Mon silence radio était plus que nécessaire, tu ne trouves pas. Tu crois que tu peux débarquer ici et me passer un savon pour la fuite en avant que j'ai fait. Tu te trompes. J'ai le droit de prendre ma vie en main et ne rien te dire. Après tout, tu n'es que mon frère ... dis-je excédée qu'il m'est retrouvée le matin du 24 décembre et pour m'empêcher de m'amuser.

- Je crois qu'il est nécessaire qu'on s'explique sur ce qu'il s'est passé, non ?!

Mon frère se détourne, pris en faute, par mon regard meurtrier. Mais il n'en reste pas là :

- Il faut vraiment qu'on parle de ce qu'on fait nos parents cette année et surtout de ta fuite.

Frustrée par mon frère, je le laisse entrer tout en me dirigeant vers la cuisine pour nous préparer un bon café bien noir pour lui et un cappuccino pour moi. Tout en m'affairant dans la cuisine, Adam se laisse s'assoir sur une des deux chaises de la petite cuisine typique de l'île.

Le fait qu'il m'est retrouvée aussi vite, m'a déstabilisé un instant mais je ne lui en veux pas car je sais qu'il veut que mon bien. Je sais maintenant pourquoi nous sommes si différents lui et moi et tout a été confirmé par mes parents une semaine plus tôt.

J'ai été adoptée car mes parents ne pouvaient plus avoir d'enfants. J'ai accusé le coup au début mais savoir que je ne suis pas leur enfant m'a blessée surtout qu'ils avaient le temps de tout m'avouer. Je les aime mais c'est dur d’avaler la pilule et je suis brisée pas la façon dont je l'ai découvert.

Adam toussote un peu et je me retourne pour le regarder. Il a les yeux bleus de papa et le teint de maman. J'ai du mal à respirer d'un coup car lui, il savait que j'avais été adoptée. Surtout que je sais qu'il me reste que peu de temps pour retourner tout ça dans ma tête mais Adam est arrivé comme un chevalier servant pour me protéger une fois encore. Son regard me déstabilise et lui dit :

- Pourquoi es-tu là Adam ?

- Tu me poses vraiment la question ou tu joues un jeu ?

Je le regarde sans comprendre et m'assois en lui donnant son café. Excédée, je me réfugie dans mon mensonge :

- Tu sais très bien que j'avais réservé un billet ici pour les vacances. J'ai juste avancé la date, dis-je en haussant les épaules. En plus, tu gâches ma matinée car j'aurai pu être sur la plage pour aller surfer avec le vent qui s'est enfin levé.

Adam reste pantois tout en me regardant.

- Tu sais que les parents t'aiment, tu le sais, hein ?

Sceptique qu'il me lance déjà sur le sujet, je lui balance :

- Ils avaient tout le temps de m'avouer mon adoption mais ils en ont fait qu'à leur tête comme d'habitude. Et, je te rappelle que c'est eux qui m'ont menti et qu'ils le font encore. Et toi, tu me protèges encore une fois car eux n'y arrivent pas. Je ne suis pas leur fille chérie et ça, je l'ai bien compris depuis le temps. Je les déçois constamment dans mes choix de ...

- Arrêtes ! M'interrompt Adam car il comprend mon malaise. Tu sais comment sont nos parents et si ils sont durs avec toi, c’est seulement pour t'apprendre la vie et te laisser faire tes propres découvertes. Le fait que tu as pris la fuite sans écouter ce qu'ils avaient à dire me fait penser que tu le savais depuis un moment, je me trompe ?

Je regarde Adam et me lève avec mon cappuccino pour me rendre sur le balcon avec la vue sur la mer avec le lever du soleil qui se fait de l'autre côté de l'île. Il me rejoint et je lui avoue, dépitée :

- Oui, j'étais au courant depuis un moment mais j'aurai préféré qu'ils me l'avouent d'eux-même.

Nous regardons le monde s'égayer dans cette petite ville bien trop sympathique et vivante quand je vois les propriétaires du logement que j'occupe s'approcher de nous et nous saluer :

- Oté ! Ou les déjà levé !

Avec un sourire franc, quand j'entends leur accent créole et leur répond :

- Oui, je me suis réveillée tôt pour aller surfer mais malheureusement, mon frère vient tout juste de me rejoindre pour Noël.

- Te ou né na d'la chance. Out famil rejoin a ou, ou né na k'ou d'frer avek ou ?

- Il n'y a que mon frère, je l'espère, en me tournant vers Adam pour savoir si il me cache quelque chose. À voir son corps se crisper, je comprends que mes parents sont du voyage et qu'ils ne sont pas très loin.

- Mon Dieu, tu es sérieux là Adam. Ils sont là !

- Oui, NOS parents sont sur l'île pour qu'on puisse parler, m'avoue Adam lassé par mon emportement et hébété que je comprenne si bien le patois créole.

Les propriétaires qui me voient au plus mal viennent vers nous et me prennent dans leur bras. Je sais qu'ils sont très bon vivants et surtout très famille. Le fait qu'ils me témoignent leur soutien mais ne comprennent pas trop les raisons de mon comportement, ils nous proposent :

- Zot veu bien feté Noël avek nou ce soir !

Je les regarde avec leur bienveillance pour refuser mais Adam m'interrompt :

- Si ça ne vous dérange pas, je vais accepter votre offre. Par contre, nous serons quatre et non deux.

- Oté nou lé heureux d'avoir des zoreil a not table. Le repas sera sur la plage. Amene a zot sur la plage l'Ermitage.

Surprise par leur demande et le fait que Adam accepte aussi vite :

- Vous souhaitez qu'on amène quelque chose ?

Ils me regardent surpris :

- Non, amène seulement zot toute pour 18 heures.

Content d'eux, ils nous disent au revoir et partent heureux comme pas deux. Adam me regarde et avoue :

- Je suis désolé de te faire ça le 24 décembre mais, je ne veux pas que tu sois seule cette année. Et on doit vraiment discuter avec les parents.

Après avoir mis une vraie tenue pour passer le réveillon ce soir sur la plage avec les propriétaires, mes parents et Adam, je me rends compte que d'avoir passé la journée à discuter avec eux m'a apaisée. Ils n'avaient jamais pris d'initiative. Connaître ma vraie histoire m'a plus que bouleversée. Adam m'a soutenue plus que jamais. Il a toujours été le frère que j'ai. Je suis contente de les avoir à mes côtés ce soir et de fêter Noël dans une famille créole sur la plage.

Arrivée à l'Ermitage, je vois que la plage est encore occupée par la populace créole. Les habitants ont une façon de voir les choses plus qu'étrange et ce qui me surprend le plus c'est la façon dont les communautés s'entendent parfaitement.

Je vois au loin les propriétaires de mon logement et je m'y dirige avec mes parents et Adam qui me tient la main au cas où je finis par fuir une fois encore. Cette fois de plus, je suis contente de l'avoir à mes côtés. Il a toujours été là et me soutient tellement que parfois, j'ai du mal à lui rendre son amour de frère ours.

- Oté bienvenue a zot et bon noël ! Installe a zot ou ne na d'la place et serve a zot !

En nous accueillant à bras ouvert, je prends conscience que malgré une famille avec des problèmes, le rire et les embrassades sont les bienvenues. Je me prends une claque en voyant tout ce qui a été prévu pour ce réveillon de l'autre côté de l'océan. Ce pique-nique improvisé où les marmites et les bons petits plats mijotent. Je sens le poulet, le riz, les grains comme ils appellent ça ici ainsi que des fruits comme l'ananas, le letchis, la mangue, la papaye ... Même l'apéritif, samossas, bouchons, pâté en croûte, ... sont divin avec l'alcool, le punch, le rhum arrangé et bien d'autres choses me font plaisir.

On se noue d'amitié sans voir la nuit arriver et la distribution de cadeaux avec un feu d'artifice sur la plage. Je suis aux anges avec ma famille et je suis contente que Adam m'est retrouvé avec mes parents et qu'on passe Noël ensemble.

Nous passons un très bon réveillon sur la plage de la Réunion. J'ai hâte de revenir pour en profiter d'avantage ...